mardi 30 octobre 2012

La beaufosphère nippono-centrée (par Robinet)

Oauis, c'est moi, le Chasseur Gaijin, pfff...
Robinet arrête pas de me tanner le cuir pour que je publie son article dont personne ne veut et pour causse ! tout le monde s'en fout de la blogosphère bloqué sur le Japon.Qu'est-ce qu'on en a à braire de cette bande de maroilles ??
Robinet, je publie ton truc, j'te l'fais gratos, de toute facons j&'y comprend pasgrand chose, arrête de faire ton Robospierre, prends la vie du bon côté grand et vivement qu'on s'refase un plan mésanges.

à bientôt dans les naseaux,

CG

--------------------------------------

La beaufosphère nippono-centrée


    Après les heures sinistres du "péril jaune", des fourmis de Mme Cresson et des "japoniaiseries", le pays fascine, remodelant une forme de japonisme, cette fois à la portée de tous. Le Japon a cessé d'être fermé à double tour, et les possibilités offertes par le visa vacances-travail (on notera l'humour involontaire de l'oxymore), ou par les "écoles de langues étrangères" (vaste sujet, qui n'a pas encore reçu l'éclairage qu'il réclame) permet à de nombreux Français de vivre sur cette terre promise.

C'est donc en toute logique que les blogs consacrés au Japon pullulent. Au sein de cette catégorie, un phénomène aurait tendance à prendre de l'ampleur ces dernières années : la diffusion accélérée d'un certain coefficient de beauferie. Faisons-leur un peu de pub : la palme de l'inélégance revient bien sûr au Gaijin Hunter, un cacographe dysorthographique expliquant comment "pécho" de la "J-bitch", indiquant la "date de péremption d'une japonaise", tout en faisant le "bilan" de ses conquêtes d'un soir... La classe totale, et un extrait pour que tout le monde en soit bien convaincu :

Alors ok elle habite à Seibu-Yagisawa qui est quand même un peu beaucoup le trou du cul du monde avec un KFC comme seul et unique restaurant à 5 km à la ronde [...] mais bon elle au moins a foutu clim + ventilo quand on était dans son appart ! On s’est donc mater un film, on a baisé puis avant de partir elle m’a fait la cuisine, une bonne soupe miso + un bon tonkatsu, je suis reparti j’étais content.

Sans commentaire. Mais, à sa décharge (si je puis dire), il est loin d'être le seul. Citons Robert Patrick (secrets de polichinelle du non-dupe type, clichés réacs, le tout sur un ton pseudo-populo), Senbei (une désinvolture de façade qui cache un grand conformisme, et bien sûr l'habituel ricanement jaune-gras), Clarence Boddicker (mise en scène de soi, ambiance Bernard Tapie / bulle économique, photographie de ses pompes), j'en passe, allez voir leurs liens si cela vous chante. J'ai décidé d'appeler cette constellation de génies la beaufosphère nippono-centrée. Et comme dans certains cas (les plus simples), la seule exemplification permet de cerner immédiatement les modalités d'effectuation d'un concept, voici une petite sélection :

À défaut de défoncer des culs, j’explore pourtant avec entrain les fondements de la société pour n’en extraire qu’un jus léger, peu fertile et qui laisse un goût âpre en bouche.

Je suis bien content d’être le seul, parce que ça flatte mon égo d’être le seul à qui le mot GAIJIN s’adresse ce soir, que les filles regardent avec des yeux luisants de désir de se faire un oreiller cette nuit avec ma grosse teube encore enflée du rut précédent, ou pas. C’est peut-être juste l’alcool ou la clim à fond qui attaque les yeux.

Chauffeur en BMW série 7 à Haneda, check-in rapide au Grand Hyatt Tokyo, dîner chez Pierre Gagnaire, et une fin de soirée dans un kyabakura où l’une des hôtesses me faisait du pied tout en me disant que ma femme avait bien de la chance. Sur que si je l’avais tronché, elle aurait probablement eu le bon goût de parler de « ma femme » sur l’oreiller.

Et qu’est-ce qu’on peut bien écouter dans la KKmobile ?

Des parquets qui glissent, des escaliers qui craquent, des recoins sombres où grand-père essayait de coincer sa petite fille à peine pubère (qui craque surement plus qu’elle ne glisse) à l’époque bénie de la loi du silence.

Les bonnes valeurs d'antan ont presque disparues, au profit d'un mercantilisme surabondant. On pourrait en dire autant pour la France et d'autres pays modernes, mais le Japon atteint tous les extrêmes. Et que dire des collégiennes de 14 ans qui donnent leurs corps pour un sac Prada ? Ne manquent-elles pas tout simplement de repères ?

Voilà, je voulais juste t'éclairer un peu, pour que tu finisses pas aigri à penser que les nanas asiatiques ont toutes un portefeuille à la place du cœur. Il faut que tu saches que leur rapport à la vie, c'est leur rapport à la société dans laquelle elles souhaitent s'intégrer, et que cette intégration passe par des phases obligatoires, auxquelles toi-même tu devras te soumettre si tu veux que votre couple survive. Mon conseil : deviens un mâle alpha qui gagne sa vie comme un boss, ou baise que des nanas de 18 ans.

Le premier homme qui cherche a me toucher les coucougnottes, je lui arrache les siennes avec mes dedans. (sic)

Il va être question de bulles pleines de « pop », d’égocentrisme forcené havane en bouche et d’une pincée de libéralisme au sommet d’une tour de 54 étages en plein Tokyo Mid-Town.

D'ailleurs, j'avais quand même demandé aux nanas ce que des bonnasses comme elles foutaient dans un gôkon et elles m'avaient répondu qu'elles venaient surtout pour rencontrer des gens nouveaux, ben oui, je me doutais bien que pour se faire sauter elles avaient pas besoin de rencontres organisées, tu penses.

Dans le train, le japonais mâle regarde les pubs pour des journaux promettant des filles nues (Playboy, Gendai, etc...).
La japonaise femelle, elle, regarde les pubs pour des journaux promettant les derniers vêtements. Et moi, mâle français exile, je regarde le tout en me demandant ou se trouve le chaînon manquant.


On aura remarqué la fréquence de l'alibi sociologique, tic des semi-habiles qui se croient au-dessus de ce qui les détermine, alors qu'à l'évidence, il est difficile de faire plus scriptés que ces équarrisseurs du goût et de l'intelligence, adhérant aux pires clichés de l'époque comme un morpion à un pubis. Ces blogueurs écrivent tous de la même manière, ont le même "humour" bas de front, le même goût pour la pantalonnade vulgaire (n'est pas Rabelais qui veut) et l'arrogance vaguement cynique du petit marquis expatrié qui "en sait long". Viandards de droite, pseudo-humoristes au cambouis, adeptes du sarcasme malin à la Canal +, les membres de cette fine équipe ressortent sans l'ombre d'un doute du nihilisme le plus accompli, et trouvent dans un certain Japon (Shibuya-Roppongi, pour faire vite), un terrain de jeu en accord avec leur âme (bruit de chasse d'eau).

Et pour qui me rétorquerait qu'il existe des blogs de qualité sur le Japon, des écrits plus sophistiqués, réflexifs, au hasard les Tropiques Japonaises de Stéphane Barbery, je ferais remarquer que l'opposition n'est qu'apparente. Un extrait de ces moroses et prétentieuses Tropiques, trouvé aux détours de longues digressions para-philosophiques :

Les deux sexes aujourd’hui souffrent de ne plus être assignés à une place clairement définie. (...)
Une des raisons pour lesquelles les femmes japonaises fascinent universellement tient peut-être à ce qu’elles continuent, elles, d’être assignées à une place claire où elles peuvent se déployer comme femmes.
(dans un post qui fait l'éloge de la chanson ridicule "Kanpaku Sengen", post par ailleurs intitulé "Femmes je vous aime. De me servir.")


On continue ?
 

Le français est un gueulard jamais content.
C’est sa condition humaine d’être révolté. (...)
Parce que le destin d’un français n’est pas seulement de mettre fin au trauma psychohistorique de la décapitation de son roi en montant sur le trône afin de rétablir l’ordre cosmologique, il doit – par sa seule capacité à énoncer clairement le Juste – offrir sa poitrine au tir des balles de toutes les iniquités pour mourir en sauveur universel.

Les grèves en France sont des matsuri que se bricolent le corps collectif parce qu’il en a besoin.


Misogynie délicatement fardée de respectabilité "ethnologique", essentialisme, attachement archétypal à l'ordre : il suffisait de gratter un peu le fond de la casserole. C'est la même personne qui écrit sur Twitter :

#JLJP [j'aime le Japon pour] nous donner un aperçu de ce que pourrait être la France sans 68

Comment s'étonner après cela que son blog figure dans les liens de Senbei et de Robert Patrick ?

Tous ces graphomanes, par delà les différences dans la forme, partagent un même esprit : l'antithèse du concept d'iki, qui les juge. Et l'absence de critique, qui a pourtant existé pendant quelques années avec le site satirique Le Syndrome de Tokyo, fait que cette misérable beaufosphère en expansion éprouve de moins en moins le besoin de cacher ses pieds dégueulasses.

5 commentaires:

  1. Alors les Blogs Interessant sur le japon c est quoi?

    RépondreSupprimer
  2. Pas celui-ci en tout cas. L'aigreur et la frustration sont une chose, mais la lourdeur prétentieuse du première année de socio est rédhibitoire.

    RépondreSupprimer
  3. Mr Robinet il a un blog?

    RépondreSupprimer
  4. J'aimais bien Japotexte, mais visiblement il n'est plus mis à jour. Dommage, ça relevait vraiment le niveau.
    En anglais, je lis régulièrement Tokyo Damage Report.

    Rob'

    RépondreSupprimer
  5. Japotexte reprend du service!

    sakana.

    RépondreSupprimer